André Dubuc
À quoi s’attendre de l’or d’ici la fin de 2021 ?
Dernière mise à jour : 22 avr. 2021
Après avoir connu un début d'année inquiétant, le prix de l’or a repris de l’altitude dans les dernières semaines. L’envolée devrait se poursuivre, croit-on, car la demande pour l’or sera à la hausse par rapport à l’an dernier et la croissance de l’offre sera somme toute limitée.
Telles sont les prévisions du Conseil mondial de l’or en 2021. Elles ont été réitérées la semaine dernière lors du Forum sur l’or de Denver qui s‘est tenu de façon virtuelle. John Reade, chef de la recherche et stratège de marché du Conseil mondial de l’or, y prenait la parole. Quelques faits saillants de sa présentation.
Dans notre guide Investir dans l’or, que vous pouvez commander sur ce site, le chapitre 4
porte sur la demande pour l’or. Nous vous en recommandons chaudement la lecture pour comprendre les éléments composant la demande pour l’or.
La demande pour les bijoux, une composante essentielle de la demande mondiale, a faibli en 2020 à son niveau le plus bas depuis 20 ans, tombant sous les 1500 tonnes. Le fort prix du métal jaune, jumelé à la pandémie qui a fragilisé la situation financière des consommateurs a fait chuter la demande. Bonne nouvelle, la demande a surgi au premier trimestre 2021 sous l’impulsion de l’Inde qui a importé un volume record d’or en mars 2021. Malheureusement, la résurgence de cas de COVID dans le sous-continent pourrait venir calmer le jeu rapidement.
Parlons des banques centrales comme la Fed et la Banque du Canada, prises globalement, celles-ci sont des acheteuses nettes de lingots depuis 2011, sauf au 3e trimestre de l’an dernier. Les banquiers centraux sont des acheteurs opportunistes. Autrement dit, ils achètent quand le prix est bas. Or, l’or a atteint un prix record en dollars courants en août 2020 à 2067$ US. Résultat : les banques centrales sont restées sur les lignes de côté. Au premier trimestre 2021, surprise, la Hongrie a été très active en achetant 62 tonnes d’or. Ça compense pour la discrétion des acheteurs qui animaient le marché hier.
La Russie a annoncé en 2020 qu’elle cessait ses achats d’or jusqu’à nouvel ordre. La Turquie, autre acheteur actif, a vendu un peu d’or en 2020. Au net, M. Reade s’attend à ce que les banques centrales restent des acheteurs nets de lingots, autour de 300 tonnes par an, plutôt que les 600 tonnes par année auxquelles on a été habitué ces dernières années.
La demande d’or comme produit d’investissement a connu une année fantastique en 2020. Jamais, il ne s’est vendu autant de parts de fonds négociés en Bourse (FNB) investis en lingots que l’an dernier. Malheureusement, le rallye a été stoppé en novembre avec le recul du prix de l’once. Les ventes nettes de parts de FNB se sont poursuivies au début 2021. M. Reade s’attend à ce que le phénomène s’estompe rapidement. De puissants moteurs alimenteront en effet la demande dans les semaines à venir: les déficits budgétaires des gouvernements, la faible aversion au risque des investisseurs, les anticipations inflationnistes et la crainte de vivre une correction des marchés boursiers aux États-Unis.
Une belle illustration de ce que 2021 nous réserve est la hausse de la demande pour les pièces d’or, le produit traditionnel d’investissement dans le métal précieux. On a enregistré une vente record de pièces d’or aux USA au 1er trimestre, le meilleur 1er trimestre depuis le début du siècle a souligné BMO marchés des capitaux dans une autre présentation à ce même forum. Au Canada, les chiffres seront connus en mai.
Regardons maintenant le portrait du côté de l’offre. En raison de la pandémie, la production mondiale a reculé pour une seconde année consécutive en 2020, ce qu’on n’avait pas vu depuis 1975. M. Reade s’attend à un retour à une croissance modérée en 2021, les producteurs faisant toujours face au défi colossal de remplacer les réserves épuisées.
Qui plus est, l’or recyclé ne viendra pas rajouter des onces pour la peine en 2021, avance M. Reade sur la base de ce qu’il a vu l’an dernier. Habituellement, quand le prix de l’or s’emballe, les gens se précipitent pour vendre leurs vieux bijoux et les monétiser. La hausse des volumes d’or recyclé en 2020 a été faible contre toute attente. Pour M. Reade, la raison de cette indifférence s’explique par le fait que les consommateurs avaient probablement vendu leurs vieux colliers lors du précédent sommet du prix de l’or en 2011. Il ne s’attend donc pas à de grands mouvements à la hausse cette année non plus.
Au net, une demande vigoureuse et une offre sous contrôle, l’or devrait tirer son épingle du jeu en 2021.
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