François Riverin
Barrick Gold réussit à bien gérer le risque international
La gestion des risques politiques dans certains pays a toujours créé des appréhensions de placement sur le titre de Barrick Gold (ABX, à Toronto, 29 $). Toutefois, à la lumière des résultats des récents trimestres, la société semble être parvenue à trouver la recette de la bonne gérance environnementale et sociale (ESG) de ses exploitations minières internationales.
Au premier trimestre de 2022, Barrick a dégagé des bénéfices de 438 millions $US (0,25 $ US par action), sur des revenus de 2,85 milliards $US, en baisse par rapport aux trimestres précédents. La société a inscrit un flux monétaire libre (free cashflow) de 393 milliards $ US, niveau lui permettant d’ajouter 0,10 $ US de dividende lié à sa performance, portant son dividende trimestriel à 0,20 $ US l’action. Sa nouvelle politique du boni de dividende est basée sur le niveau de liquidité (encaisse-dettes) à la fin du trimestre, lequel s’élevait à 743 millions US.
Pour 2022, Barrick entrevoit produire son or au coût au comptant et tout inclus de 785 $US et 1104 $ US l’once respectivement. Ses coûts de production de cuivre (environ 20% des revenus) sont moins reluisants, à 1,81 $ US et 2,85 $ US la livre respectivement. Le prix du cuivre se situe présentement autour de 4,30 $ US la livre.
Selon l’analyste Tanya Jacusconek, de Scotiabank Global Equity Research, Barrick est en mesure d’accumuler quelque 2 milliards de flux monétaires libres par année en 2022 et 2023, au prix courant de l’or, et 13 milliards au total pour les cinq prochaines années.
L’inflation se manifeste significativement dans les coûts d’exploitation, bien que la hausse des salaires soit contenue par les conventions déjà signées.
Sur la question des risques politiques, Barrick commence à récolter les fruits de ses efforts dans ses relations avec les populations et gouvernements locaux. Ainsi la société a pu sortir un autre 600 millions $US de la poudrière sociopolitique de la République démocratique du Congo après la fin du trimestre, portant à 1,2 milliard le montant reçu en dividendes et remboursement de dettes de sa riche mine d’or congolaise Kibali depuis un an. Barrick s’est impliquée financièrement dans le développement des populations locales, et dans la restauration d’espèces menacées dans les principaux parcs du Congo.
On a appris, aussi, non sans une certaine appréhension, le redémarrage du projet de la méga mine de cuivre-or Reko Diq au Pakistan, abandonné depuis 2011. Selon le plan préliminaire proposé, le gouvernement national et un gouvernement local prendraient une part de 50 % dans le projet. La mine se classe parmi les plus riches et les plus grosses (de 40 à 80 millions de tonnes par année pendant 40 ans) de la planète et pourrait être mise en exploitation autour de 2028.
Barrick n’exclut à peu près aucun pays de son horizon d’investissement, à condition que le prix en vaille la chandelle. Après avoir redressé la situation de ses mines en Tanzanie, la société fait œuvre de pionnière dans plusieurs pays peu reconnus pour leur industrie de métaux, comme l’Arabie saoudite, l’Égypte et autres.
Barrick a du se lancer dans investissements de l’ordre de 800 millions US pour réduire ses émissions de GES et atteindre le net zéro 2050. Une partie des efforts permettra cependant de réduire des coûts d’énergie, notamment dans le projet solaire du Pakistan et pour les exploitations existantes du Nevada.
J’adhère à l’opinion de l’analyste Tanya Jacusconek, de Scotia, que l’action de Barrick est attrayante, mais continuera d’être très volatile en raison de son levier important (production de 4,8 millions d’onces par année) sur le prix de l’or. Toutefois, la société a mis en œuvre de nombreux projets d’exploitation prometteurs dont le succès aura un impact positif sur le prix de l’action. Les risques géopolitiques sont toutefois importants. Son prix cible est de 31,50$ US (40$ CA).