André Dubuc
Barrick poursuit son redressement
Il y a beaucoup de positif à retirer des résultats de Barrick Gold (ABX, à Toronto, 29,53$) au 4e trimestre 2021, dévoilés cette semaine.
On ne se plaindra pas des bonnes nouvelles, car Barrick a joué les retardataires l’année dernière se vendant à escompte par rapport à son principal rival Newmont (NGT, à Toronto, 86,06$).
Une des explications entendues pour expliquer cet écart était que certaines des mines de Barrick sont situées dans des endroits exotiques comme la République démocratique du Congo (RDC) où le respect de la règle de droit paraît aléatoire à l’occasion. Les investisseurs appliqueraient donc un escompte dans l’évaluation de ABX. Newmont, en revanche, possède des mines dans des pays hautement considérés comme le Canada et les États-Unis.
Or, depuis le début de 2022, Barrick reprend le terrain perdu. Le cours de l’action a gagné 27% dans le dernier mois, comparativement à 13% pour l’action de Newmont. Sur un an, l’écart dans le rendement entre les deux aurifères n’est plus que de 3 points de pourcentage sans tenir compte du dividende. NGT a gagné 20 % au cours des 12 derniers mois, tandis qu’ABX est à +17 %.
Les derniers résultats trimestriels de Barrick donnent du carburant pour qu’elle poursuive sa lancée. La minière a produit 1,2 million d’onces d’or et 126 millions de livres de cuivre au cours des trois derniers mois de l'année. La production annuelle se chiffre à 4,4 millions d’onces d’or et de 415 millions de livres de cuivres, dans le respect de ses prévisions, et ce, pour la troisième année consécutive. Les profits atteignent 726 millions US au quatrième trimestre, 2,022 milliards US pour l’ensemble de 2021. Les fonds entièrement libérés en provenance de l’exploitation (free cash flow) s’établissent à 718 millions US au 4T et à près de 2 milliards US pour la totalité de l'année.
Au-delà des chiffres, François Riverin, coauteur du livre Investir dans l’or et journaliste spécialisé dans le domaine minier, retient cinq points positifs :
Politique de versement de dividende ajustée aux liquidités
En plus d’annoncer un programme de rachat d’actions pouvant atteindre 1 milliard US, Barrick se propose d’en donner encore plus à ses actionnaires. Le dividende trimestriel de base passe de 0,09 $US à 0,10 $US auquel s’ajoute un dividende variable selon les liquidités de l’entreprise. Quand l’encaisse dépasse le milliard US, un dividende trimestriel additionnel de 0,15 $US sera versé aux actionnaires. En 2022, Banque Scotia anticipe un dividende annuel total 0,80 $US à 0,85 $US en 2002, pour un rendement courant généreux de 3,7 %.
Début de perception des profits en RDC
La société minière a réussi à négocier le rapatriement des profits coincés en République démocratique du Congo. Jusqu’à un demi-milliard, US pourraient être retournés dans les coffres de Barrick au cours du premier semestre de 2022.
Remplacement des réserves minées
Un des défis des géants miniers de la taille de Barrick et de Newmont, qui produisent entre 4 et 5 millions d’onces d’or annuellement, est de pourvoir au remplacement des réserves au fur et à mesure que celles-ci sont minées. Mission accomplie en 2021. Sur la base d’un prix hypothétique de 1200 $ US l’once, ses réserves ont même augmenté de 1 million d’onces entre les 31 décembre 2020 et de 2021, à 69 millions d’onces.
Dette nette négative
La dette nette de Barrick est négative, c’est-à-dire le solde de sa dette totale moins ses éléments d’actif de court terme est de – 138 millions $US.
Projets d’exploration et de développement très intéressant
Dans un communiqué, le PDG Mark Bristow a déclaré «que les prévisions de production sur 10 ans de Barrick étaient basées uniquement sur ses mines existantes et ne prenaient pas en compte les nombreuses opportunités de croissance existantes. La société fait progresser son pipeline de projets, notamment Donlin Gold, Pascua-Lama et Norte Abierto, tout en travaillant à la reprise de l'exploitation de Porgera, actuellement prévue pour juillet prochain. »
Rare ombre au tableau : hausse du coût de production de cuivre
Le coût tout inclus s’est élevé à 2,92 $ US la livre de cuivre au 4e trimestre, en hausse 12 % par rapport au troisième trimestre. Au cours actuel du métal de base de 4,50 $ US la livre, la marge bénéficiaire reste toutefois confortable.
Scotia appose une recommandation de surperformance à Barrick. Le prix cible d’un an est fixé à 29 $US ou 36,80 $CA pour un rendement total, incluant le dividende, à 33,6 %.
«ABX dispose d'un solide portefeuille d'actifs diversifiés comprenant plusieurs mines de catégorie mondiale, écrit l’analyste Tanya Jakusconek. Notre perspective sur l'action est positive étant donné la faible valorisation du titre et les nombreux catalyseurs qui contribueront à l'évolution du cours de l'action. »
Dans leur guide Investir dans l'or, les auteurs André Dubuc et François Riverin passent en revue les différentes catégories de titres aurifères selon leur niveau de risque. Un outil précieux pour ceux qui songent à investir dans le secteur.