André Dubuc
Franco-Nevada se tourne vers les métaux de l’économie verte
Franco-Nevada (FNV, à Toronto, 178,55 $), titre par excellence des redevances aurifères,
a ouvert son jeu lors du dernier appel avec les analystes financiers à la suite de ses résultats au 3e trimestre.
La société d’une capitalisation boursière de 34 milliards a annoncé son intérêt à terme à financer des redevances ou des flux de métaux dans les métaux de l’économie verte. Ce qui inclut, on peut supposer, le graphite, le lithium et le nickel pour les batteries. Ça peut aussi englober le cuivre pour tout ce qui touche à l’électrification de notre vie courante.
«Il est intéressant de noter que FNV a déclaré qu'il est possible que son choix de matières premières évolue au fil du temps pour inclure une plus grande variété de ressources à mesure que le portefeuille se développe, écrit Scotia Capital dans une note envoyée à sa clientèle le 4 novembre. Cela pourrait inclure davantage d'investissements dans les métaux dits verts (de base et pour batteries) - qui nécessiteront des investissements en capital considérables pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de changement climatique - ainsi que dans les matières premières en vrac.»
Parenthèse : le cofondateur de Franco-Nevada Pierre Lassonde ne jurait que par le cuivre récemment sur Kitco News. Il y a d’ailleurs louangé Foran (FOM.V, à Vancouver, 2,45$).
Franco-Nevada a précisé qu’à terme, ses revenus proviendraient à 80 % des métaux précieux et des métaux de base ou stratégiques. Pour le moment, les revenus proviennent des métaux précieux à 80 %. Quand le temps viendra, la société se dit prête à financer des actifs dans le secteur des métaux verts jusqu’à hauteur de 500 millions US
Ces dernières années, Franco s’est diversifiée dans le pétrole et gaz, une décision qui s’avère payante cette année. Depuis 18 mois, elle s’est tournée vers le fer avec des participations dans la société de redevances Labrador Iron Ore (LIF, à Toronto, 35,04$). Elle a acquis une participation de 14,7 % dans une débenture de redevances de la société Vale au Brésil.
L’analyste de Scotia Tanya Jakusconek met en garde la direction de Franco-Nevada de ne pas trop se disperser hors métaux précieux pour ne pas perdre la prime que lui accorde le marché.
À 176 CAD, les actions de Franco se vendent à 2,5 la valeur actuelle nette (VAN) de son actif. Le modèle d’affaires de FNV- un genre de percepteur d’impôt auprès des minières qui l’immunise contre les risques d’exploitation comme l’inflation par exemple - est beaucoup plus stable que celui des géants miniers. Conséquence : le marché accorde une forte prime à. FNV comparativement à Barrick Gold (ABX, à Toronto, 24,21 $) qui se vend à 0,9 fois sa VAN.
Pour la petite histoire, on se souvient que Franco-Nevada a implanté avec succès au secteur aurifère le concept de financement de projets miniers au moyen de redevances. Le concept fonctionnait auparavant dans le domaine gazier et pétrolier. Très tôt, la société a frappé un circuit avec sa redevance sur le gisement Goldstrike dans l’État du Nevada.
Scotia souligne l’impact potentiel d’un impôt mondial minimum de 15 % sur les revenus dont les pays parlent d’implanter. La propriété de certains flux de métaux de FNV est localisée aux Barbades. Scotia évalue dans le pire des scénario un recul de la VAN de 3 %. Des précisions sont attendues à la fin novembre.