André Dubuc
Le secteur aurifère recèle plein d’aubaines
Il y a une dichotomie entre le prix de l’or en ce début novembre et le cours déprimé d’à peu près toutes les actions des titres aurifères, autant les Barrick et Newmont que les titres juniors.
Après un mois d’octobre difficile, l’or a profité de la glissade des taux obligataires 10 ans aux États-Unis à laquelle on a assisté la semaine dernière : le rendement du coupon est passé de 4,93 % à 4,51 % en cinq jours.
Jumelée à un taux de change favorable, l’once d’or se vend 2722 $ en dollars canadiens au 3 novembre. On n’est pas loin d’un record de tous les temps.
Les tensions géopolitiques en Ukraine et depuis le 7 octobre en Israël contribuent certainement à l’appréciation récente du prix du métal précieux.
De façon plus structurelle, les banques centrales des pays d’Europe de l’Est et d’Asie, qui réduisent l’exposition de leurs réserves au dollar américain, ont acheté au net 800 tonnes d’or en 2023. Leurs agissements contribuent à soutenir la demande pour le métal jaune.
Ce qui n’est absolument pas le cas des investisseurs au détail des pays occidentaux. Les fonds négociés en Bourse (FNB) de lingots, comme PHYS et CGL, ont connu une sortie de 189 tonnes depuis le début de l’année. On est rendu à 6 trimestres consécutifs de ventes nettes dans les FNB de lingots, selon les plus récentes données du Conseil mondial de l’or.
C’est ce qui explique la dichotomie. Le prix de l’or physique est soutenu par les banques centrales des pays orientaux, tandis que les titres aurifères, qui sont détenus par les investisseurs occidentaux, sont boudés, explique Fred Hickey dans la livraison d’octobre de sa lettre financière The High-Tech Strategist.
Valeurs mobilières Desjardins a fait le point récemment dans un rapport intitulé : Cherchez-vous le meilleur rapport qualité/prix ? Optez pour des titres aurifères plutôt que les plaquettes d’or vendues chez Costco.
On s’arrache l’or chez Costco | La Presse
https://www.lapresse.ca/affaires/marches/2023-10-01/on-s-arrache-l-or-chez-costco.php
Sur la base du ratio entre le prix de l’action et la valeur nette de l’actif par action, les producteurs majeurs se vendent à 12 % sous le ratio médian des dix dernières années, a calculé VMD. Les petits producteurs à 20 % d’escompte et les sociétés d’exploration à 41 % sous la médiane historique.
Pendant ce temps, l’or se vend 20 % au-dessus du prix médian dans dix dernières années.
Les meilleures idées d’investissement de VMD sont K92 Mining (KNT, à Toronto), chez les producteurs, et Karora Resources (KRR, à Toronto), chez les développeurs, deux entreprises que nous connaissons mal.
Le rapport se penche aussi sur une société que nous connaissons mieux : Orla. Le titre souffre énormément ces temps-ci. Un lecteur de notre guide est même entré en contact avec nous pour savoir de quoi il en retournait.
Le titre dont le symbole est Ola a perdu 27% de sa valeur depuis trois mois. Il se vend actuellement à 4,46 $ l’action, soit 61 % de sa valeur nette (VAN) par action estimée à 7,27 $. Un producteur de la taille d’Orla qui va produire environ 120 000 onces cette année devrait se vendre à un prix équivalent à sa VAN par action, selon l’analyste John Sclodnick de VMD.
Nous aimons Orla pour son efficience opérationnelle, ses faibles coûts de production, ses projets de croissance et le potentiel d’exploration rattaché à ses propriétés au Mexique, au Panama et au Nevada.
L’ombre au tableau est la difficulté à décrocher ses permis constamment reportés, surtout au Panama et au Mexique. Les deux gouvernements d’obédience plutôt socialiste se montrent réticents à délivrer de nouveaux permis miniers sur leur territoire. Par exemple, Le gouvernement de Lopez Obrador du Mexique a annoncé ne plus vouloir de nouvelles mines à ciel ouvert, exactement le type de mine qu’exploite Orla au Mexique.
Qui plus est, le Congrès mexicain a adopté en mai dernier une série d’amendements alourdissant considérablement la réglementation au Mexique.
Si Orla n’obtient pas son permis pour agrandir sa fosse de Camino Rojo, sa production d’or pourrait en souffrir en 2025, croit VMD.
La patience est mise à l’épreuve au point où VMD croit qu’Orla est à la recherche d’une nouvelle propriété ayant en main tous ses permis pour assurer sa croissance future.
Dans les circonstances, l’analyste John Sclodnick a abaissé son prix cible des 12 prochains mois à 7,25 $ au lieu de 7,50 $.
On en saura plus le 13 novembre à l’occasion de la publication de ses résultats financiers au 3e trimestre.