André Dubuc
Orla produira 90 000 onces en 2022
Dernière mise à jour : 7 mars 2022
Tranquillement, mais sûrement, Orla (OLA, à Toronto, 5,37 $) se transforme de société minière au stade en développement en un producteur d’or de petite taille à faibles coûts.
Le 24 février dernier, la société de Vancouver, qui détient deux propriétés au Mexique et au Panama, a dévoilé ses prévisions de production d’or en 2022, de même qu’une estimation de ses coûts de production et de son budget annuel d’exploration.
Dans l’ensemble, la nouvelle a été perçue positivement par les analystes financiers, mais sans causer de réelle surprise.
Des ressources de 16 millions d’onces
L’intérêt dans Orla réside toujours dans l’immense potentiel de l’enveloppe sulfurée de sa propriété de Camino Rojo au Mexique, qui compte, à elle seule, environ 10 millions d’onces de ressources.
De toutes les sociétés aurifères au stade de développement suivi par Valeurs mobilières Desjardins (VMD), Orla, avec ses 16 millions d’onces équivalent en or, détient de loin le plus de ressources.
Les sociétés aurifères ont des réserves et des ressources. Les réserves sont des onces d’or que la société peut extraire du sol avec profit. Les ressources sont aussi des onces d'or, mais dont la rentabilité de l'extraction n'a pas encore été prouvée.
Pour comparer les producteurs d’or au stade de développement entre eux, VMD examine les sociétés en fonction de la valeur que donne le marché à chaque once d’or en ressource. Une valeur élevée signifie que le marché valorise très fortement la société sur la base de ses ressources, alors qu’une valeur basse indique que les investisseurs sous-valorisent la société selon ce critère. Cela étant dit, des raisons valables peuvent expliquer cette sous-valorisation.
Quand l’action d’Orla se vend à un prix de 5$ par action, les investisseurs lui accordent une valeur de 65 $US par once en ressources. Les autres sociétés au stade de développement de l’univers de VMD ont généralement une valeur oscillant entre 14 $ US par once d’or en ressource à 274 $ US par once.
À ce moment-ci, l’intérêt dans le titre d’Orla se résume à sa capacité à confirmer voire augmenter ses 16 millions d’onces d’or de ressources, puis de les transformer en réserve.
Cette évolution s’effectue au gré de programmes d’exploration visant à raffiner ses connaissances sur son gisement et qui permettront ultimement de publier la mise à jour des ressources de l’enveloppe sulfurée à apparaître dans les détails économiques concernant les options de mise en valeur du gisement à Camino Rojo. Ces détails sont promis au premier semestre 2022.
En attendant, il est bon de savoir qu’Orla produira entre 90 000 et 100 000 onces en 2022 à sa fosse oxhydrique de Camino Rojo.
Le coût tout inclus par once varie entre 600 et 700 $US, plus élevé que les premiers coups de pelle mécanique pouvaient laisser présager.
Les prix du cyanure et des autres fournitures industrielles subissent l’effet de l’inflation, note VMD. Les coûts d’exploitation d’une mine à ciel ouvert sont sensibles à une hausse du prix du pétrole. Pierre Lassonde, la légende du monde minier, répète souvent que le carburant représente le quart des coûts d’exploitation d’une mine d’or.
Le point sur l’exploration
Orla doit encore investir 25 millions dans sa nouvelle mine en 2022, ce qui demeure conforme au budget. La société investira 15 millions US en exploration.
La portion du budget dévolue à sa propriété mexicaine se concentrera sur la propriété voisine de sa fosse oxhydrique, celle ayant fait l’objet d’un accord de mise à sa disposition avec la société Fresnillo. La morphologie du gisement de la fosse oxhydrique donne à penser que le gisement se prolonge chez le voisin. Le cas échéant, une hausse des estimations des réserves minérales est espérée.

En tout, Orla investira en exploration 10 millions US au Mexique et 5 millions à proximité de sa future mine à ciel ouvert de Cerro Quema, au Panama.
Parlant du Panama, Orla attend ses permis de la part des autorités panaméennes pour lancer la construction de sa nouvelle mine. Les rapports d’analystes ne semblent pas s’inquiéter des jours qui passent, mais, soulignons, que le Honduras vient d’annoncer la fin de l’ouverture de nouvelles mines à ciel ouvert sur son territoire emboîtant le pas au Costa Rica (depuis 2002) et au Salvador (depuis 2017), deux autres pays d’Amérique centrale.
Il ne semble pas avoir de proposition en ce sens au Panama. Le président Laurentino Cortizo, qui s'était engagé avant de prendre ses fonctions en 2019 à exiger un nouveau contrat pour la mine de cuivre à ciel ouvert de Panama Cobre, semble sur le point d’arriver à un nouvel accord avec la minière canadienne First Quantum.
Prime méritée
En raison de coûts d’exploitation légèrement plus élevés qu’il anticipait, l’analyste de VMD John Sclodnick abaisse son prix cible de 0,25$, à 7 $ l’action d’ici 12 mois.
«Le titre se trouvant en position optimale sur la courbe de Lassonde [du nom de Pierre Lassonde, fondateur et important actionnaire d’Orla] avec une montée en puissance de la production jusqu'à l'atteinte du stade de la production commerciale, attendue d'ici la fin du premier trimestre; nous pensons que le titre devrait bénéficier d'une valorisation boursière par rapport à sa valeur actuelle nette supérieure à celle de ses pairs», écrit-il dans sa note aux investisseurs du 24 février. Il recommande l’achat du titre.
De son côté l’analyste de Scotia, Ovais Habib maintient sa cible à 6,75 $ l’action.
Orla a dépassé récemment les 5 $ profitant du vent de dos qui pousse tous les titres aurifères à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.